Les téléopérateurs de la société Bluelinea-Equinoxe, 130 rue de Lourmel, sont en grève depuis 15 jours parce qu’ils refusent d’être jetés comme des mouchoirs en papier. Soutenons-les !
17 Mars 2017 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #Luttes entreprises (services)
Nous reprenons le communiqué de presse de l'Union locale CGT de Paris 15 exposant les motifs de la grève des salariés de Bluelinea basés dans la "pépinière d'entreprises" inaugurée pompeusement par la municipalité de Paris en lieu et place d'une partie de l'hôpital Boucicaut et des logements et équipements jadis promis.
Notre soutien aux salariés va de pair avec notre consternation publique devant les facilités accordées par la Ville - des bureaux sur des terrains publics, des aides etc. - à des entreprises, non technologiques, dont l'activité "innovante" consiste à collecter des données personnelles, via des objets "connectés" (mouchards?), sur des patients pour placer ensuite des matériels paramédicaux onéreux, hors prescription, en connivence avec des complémentaires privées. PCF Paris 15.
"Le 130 rue de Lourmel ne doit pas être une « pépinière » d’emplois précaires et un « incubateur » de chômeurs !"
Communiqué de l’Union locale CGT du 15ème arrondissement
Au 130 rue de Lourmel, le 5 février 2014, la municipalité de Paris a inauguré un immeuble de 6000 m2 de bureaux, pompeusement appelé « pépinière » ou « incubateur ». Des entreprises, prétendument novatrices, y bénéficient de facilités de différentes natures (ex : frais d’hébergement au lieu de loyer, aides techniques…) pour faire tourner leurs affaires.
Initialement, sur ces terrains de l’ancien hôpital Boucicaut, avait été promise la construction de logements pour les personnels hospitaliers et d’une structure médicalisée pour personnes âgées. Au passage, nous nous demandons quelle est la logique de la municipalité de Paris qui rachète et transforme au prix fort des bureaux privés pour les transformer en quelques logements mais préfère construire des bureaux sur de vastes emprises dont elle est propriétaire.
La société Bluelinea a implanté sa filiale Equinoxe au 130 rue de Lourmel. L’activité de Bluelinea tourne autour de « bracelets connectés » placés sur des clients de complémentaires santé, surtout âgés, qui ont été malades ou sont susceptibles de l’être (ou de faire un malaise).
Bluelinea n’est en rien une entreprise technologique innovante: elle ne conçoit pas, ni ne produit, les bracelets et médaillons connectés.
Elle exerce une activité de téléassistance comme d’autres entreprises le font avec des supports de type « bip », « boîtiers », etc..
L’originalité de Bluelinea est de placer sur l’abonné (qui paye 15 à 20 euros par mois !), dans le cadre de cette télé-assistance, un « bracelet connecté » qui collecte, en continu, des données individuelles, notamment mobilité, rythme cardiaque, digestion… Ensuite, Bluelinea traite ses données et les valorise financièrement. Ces informations peuvent en effet servir ensuite aux complémentaires privées pour démarcher leurs clients solvables et leur placer des dispositifs paramédicaux, plus ou moins adaptés et onéreux, indépendamment de toute prescription médicale.
L’intérêt de la collectivité à subventionner une telle activité est douteux, encore plus lorsqu’elle va de pair avec des pratiques antisociales.
Les 9 salariés qui travaillent au 130 rue de Lourmel ont appris fin-février que Bluelinea quitterait les lieux au 30 avril. La direction leur propose de partir à Lyon exercer le même métier (essentiellement de la téléassistance) ou bien d’aller à Elancourt (dans les Yvelines) avec une modification importante de l’activité prévue dans leur contrat de travail. Pour ces salariés habitant en zone métro, le temps moyen de transport pour le site d’Elancourt serait de pratiquement 4 heures aller-retour. Il leur est financièrement inimaginable de s’y rendre en voiture !
Que cherche la direction Bluelinea? Les salariés étant payés au minimum de la profession (10 euros net de l’heure), on doute qu’elle cherche à gratter sur les salaires, à moins d’une arrière-pensée de délocalisation à l’étranger, ou d’une volonté d’externalisation. Les conditions inacceptables de recasement peuvent correspondre à des suppressions d’emploi déguisées, exemptes des conditions d’un plan de licenciement (ceux qui refusent le déplacement seraient licenciés pour faute !). Bluelinea ayant déjà touché des aides publiques parisiennes, elle n’a sans doute plus besoin d’une localisation domiciliée à Paris...
Quelles que soient les mauvaises motivations des patrons de Bluelinea, il est inacceptable que les 9 salariés de la rue de Lourmel soient jetés comme des mouchoirs en papier ! Ils ne l’acceptent pas et ont entamé une grève depuis 2 semaines en informant les partenaires avec qui ils travaillent.
Ce qui leur arrive peut arriver, d’une façon ou d’une autre, à tous les salariés. Syndicalistes CGT du 15ème, nous appelons au soutien aux grévistes de Bluelinea, à la diffusion de l’information, éventuellement au soutien matériel.
Avec eux, nous demandons à la direction de Bluelinea le maintien de postes de travail dans des conditions, de géographie, d’horaire et de rémunération, au moins équivalentes à celles d’aujourd’hui. A défaut, nous demandons un accompagnement financier qui leur permette réellement « de se retourner ».
Bluelinea est une société en pleine croissance : 6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016.
Nous rappelons que la Ville de Paris a accordé une subvention de 238.241 euros à Bluelinea en 2011. A ce titre, comme au titre de ses responsabilités sociales, nous interpelons également l’adjoint à la maire de Paris chargé du développement économique, M. Jean-Louis Missika.
Le 130 rue de Lourmel ne doit pas être une « pépinière » d’emplois précaires et un « incubateur » de chômeurs !
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