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En souvenir des "Noëls Rouges" dans le 15ème et ailleurs. Conte de Noël/Noël des ramasseurs de neige (Prévert)

24 Décembre 2017 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #Histoire - Notre mémoire

Le Noël des ramassseurs de neige

Le Noël des ramassseurs de neige

Dans le années 20 et 30, comme aujourd'hui, pour les communistes, les fêtes de Noël font ressortir et dénoncer les inégalités criantes entre la profusion de dépenses tapageuses, chez certains, et les privations cruelles, notamment pour les enfants, chez les ménages de travailleurs et de chômeurs.

A l'époque, les communistes sont souvent à l'origine de l'organisation de "Noëls rouges", fêtes à la fois solidaires, culturelles et dégagées de la religion. Dans certaines localités, comme dans le 15ème, certains camarades sont actifs dans "l'Association des travailleurs sans Dieu". Des témoins relatent que le Patronage Laïque, avenue Félix Faure (le vrai poursuivi rue Violet maintenant), a été le théâtre d'au moins un de ces "Noëls rouges".

Pour l'histoire et l'actualité, nous reprenons deux textes de Jacques Prévert, animateur, avec le Groupe Octobre, des "Noëls rouges": Une petite scène de théâtre, un Conte de Noël où l'enfant Jésus disparaît... et un poème plus connu, "Le Noël des ramasseurs de neige". 

Bonnes fêtes,

Secrétariat du PCF Paris 15

 

LES NOËLS ROUGES

CONTE DE NOËL – Jacques Prévert (années 1932/36)

Ça se passe quelques jours après Jésus-Christ.

La pauvre étable. Elle est ouverte. On voit un grand berceau plat avec de la paille et personne dedans. Près du berceau, l’âne et le boeuf…

LA FOULE :

Que font-ils ?

Que s’est-il passé ?

C’est très pénible.

Hélas tout est foutu… raté.

La fête est terminée avant même d’avoir commencé.

Au voleur… au voleur…

Que s’est-il passé ?

Il doit bien se passer quelque chose et il s’est passé quelque chose qui empêche que les choses qui doivent se passer se passent…

Tout était si bien arrangé…

LE PATRON DU BISTRO :

Hélas j’ai des tables supplémentaires… ah quelle sombre, quelle sombre histoire.

On a pris Jésus.

On a volé… l’enfant Jésus.

SAINT JOSEPH :

Hélas tout est foutu.

Un grand cri retentit.

LA VIERGE :

Ça y est...

Ça devait arriver...

Kidnappé...

Enlevé...

Volé...

Et la Vierge Marie fait le tour de la crèche en hurlant

Il n’y a plus d’enfant

Il n’y a plus d’enfant Jésus

Joseph patron des charpentiers, le singe Joseph comme l’appellent entre eux les ouvriers, fait le tour de la crèche dans l’autre sens. Les deux se cognent

LA VIERGE ET SON MARI :

Horrible, horrible, ils ont fauché le petit !

Deux ou trois flics de Bethléem assis sur les marches du temple pleurent à chaudes larmes tout en assommant un chômeur…

LA VIERGE

Mais ce n’est pas possible…

JOSEPH

Oh Marie et les rois mages qui vont arriver…

Les rois mages qui vont arriver… rends-toi compte…

De quoi allons-nous avoir l’air….

Oh ! Jamais je n’ai jamais eu de chance !

Ils engueulent l’âne et le bœuf.

Au loin, deux ou trois créatures ailées déploient de grands calicots : « Gloria in excelsis Deo »…

Les séraphins zélés poussent des cris publicitaires :

Par ici la crèche !

 Vive les rois !

Tous les flics du pays battent la campagne, matraquant par-ci, assommant par là.

Pas d’enfant Jésus, impossible de mettre la main dessus.

Et l’heure avance, les Rois sont arrivés…

Soudain Saint Joseph a une idée…

Il va trouver un de ses ouvriers dont justement la femme vient d’accoucher.

SAINT JOSEPH :

Prête-nous ton petit, quand les rois mages seront partis on te le rendra…

L’OUVRIER :

Comme vous y allez !

SAINT JOSEPH :

… Si. Il faut qu’il y ait un dieu dans la crèche. C’est écrit.

L’OUVRIER :

Je ne sais pas lire.

SAINT JOSEPH :

Tu n’as pas confiance en moi, ton patron ?

L’OUVRIER :

Oh vous savez le patron c’est toujours le patron…

SAINT JOSEPH :

Puisque tu le prends comme ça… je te vire de l’atelier… allez…

L’OUVRIER :

Faut bien en passer par où vous voulez…

On amène la mère et l’enfant.

LA MERE :

Madame Marie ça m’ennuie de vous prêter le petit… J’ai eu tellement de mal à l’avoir.

LA VIERGE, revêche :

Et bien du plaisir aussi à ce qu’on m’a dit….

LA MERE :

Oh le plaisir… le plaisir… moi…

LA VIERGE :

Je vous en prie… gardez vos confidences. Je suis vierge… donnez-moi l’enfant.

Elle le place dans le berceau.

L’âne et le bœuf soufflent dessus.

L’ANE

Souffler n’est pas jouer.

LE BŒUF:

Jouer à quoi ?

...

LE NOËL DES RAMASSEURS DE NEIGE (Jacques Prévert)

Nos cheminées sont vides
nos poches retournées
ohé ohé ohé
nos cheminées sont vides
nos souliers sont percés
ohé ohé ohé
et nos enfants livides
dansent devant nos buffets
ohé ohé ohé
Et pourtant c'est Noël
Noël qu'il faut fêter
Fêtons fêtons Noël
ça se fait chaque année
Ohé la vie est belle
Ohé joyeux Noël

Mais v'là la neige qui tombe
qui tombe de tout en haut
Elle va se faire mal
en tombant de si haut
ohé ohé ého

Pauvre neige nouvelle
courons courons vers elle
courons avec nos pelles
courons la ramasser
puisque c'est notre métier
ohé ohé ohé

jolie neige nouvelle
toi qu'arrives du ciel
dis-nous dis-nous la belle
ohé ohé ohé
Quand est-ce qu'à Noël
tomberont de là-haut
des dindes de Noël
avec leurs dindonneaux
ohé ohé ého !

 

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