2008 : besoin du PCF ! Au moins comme il était en 1968 !
6 Juin 2008 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #Histoire - Notre mémoire
2008 : besoin du PCF ! Au moins comme il était en 1968 !
Il y en a assez de voir et d’entendre, pratiquement de tous côtés, effacer ou dénigrer l’action du PCF en 1968. Pour les communistes, au-delà de l’exaspération légitime, il est nécessaire de rétablir des vérités, celles qui sont utiles pour aujourd’hui, celles que l’on veut justement occulter. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille idéaliser le parti de l’époque ou s’abstenir de toute critique.
L’anniversaire donne lieu à une entreprise générale de révision de l’histoire par l’idéologie dominante et ses serviteurs. A plusieurs niveaux.
Mai 68, coupé du contexte, est réduit à un folklore publicitaire. La représentation d’un « esprit de 68 » supplante la mémoire du mouvement des étudiants. Le mouvement des étudiants, vidé de tout son contenu de classe, supplante la mémoire du mai des prolétaires. Et quand on en vient quand même à évoquer l’une des plus grandes et longues grèves qu’a connues le pays, c’est pour mieux condamner les principales organisations qui l’ont rendue possible et fertile pour les travailleurs : la CGT et le PCF.
Sans aucune honte, sans aucune autocritique sur leur propre attitude en 68 et leur parcours depuis, les gauchistes et autres mouvementistes d’hier et d’aujourd’hui se livrent, depuis les positions avantageuses que le système leur a octroyées depuis 68, au procès du PCF. Ces donneurs de leçons bénéficient sans surprise de la complaisance des media mais même de la réaction timorée, culpabilisée, de certains porte-parole du PCF. Les nombreux souvenirs, souvent très intéressants, publiés dans l’Huma montrent l’engagement des communistes individuellement mais ne portent pas d’analyse du rôle du parti.
Bon sang ! Communistes, n’ayons pas peur de contrecarrer la thèse officielle de ces « gauche » et « extrême-gauche » bien pensantes qui se dédisent, se trahissent depuis 40 ans !
Le PCF, en tant que parti, n’est pas passé « à côté du mouvement » en 68. NON ! Il en a été l’un des principaux ferments !
Le pouvoir était-il à « ramasser » en 68, la situation révolutionnaire ? Le PCF a jugé que non. S’est-il trompé ? Non !
Les gauchistes, dont Alain Krivine, qui assistaient au meeting de Charléty, essaieraient-ils encore de nous dire que Mendes et Mitterrand représentaient une rupture avec le capitalisme ? Comment ces exégètes des « minorités agissantes » à l’époque, extérieurs au mouvement dans les entreprises, qui flattent aujourd’hui les majorités silencieuses des télespectateurs de Drucker, comptaient-ils organiser leur « armée prolétarienne » à partir de piquets de grève d’où ils étaient complètement absents (programme de la LC(R) 1972) face à l’armée gaulliste, aux portes de Paris ?
Le PCF s’est-il trompé en poussant le mouvement revendicatif au plus loin avec la CGT ? Non ! La période ouverte après 68, après l’augmentation des salaires de 10 à 20%, du SMIC de 30%, l’obtention du droit syndical à l’entreprise, a amené jusqu’en 1982/83 une série de conquêtes sociales sans précédent. La part du travail, face à celle du capital dans le PIB a progressé de 10%, malgré et contre les gouvernements de droite jusqu’en 81.
Le PCF, notamment à travers son organe central, l’Humanité, qui n’a cessé de paraître et d’être diffusés grâce aux militants, défendait la perspective d’un « gouvernement populaire » d’union de la gauche. En 68, il se heurte au refus de la SFIO, de l’ensemble de la FGDS qui craigne le parti des travailleurs. Aujourd’hui, il n’est pas juste de mesurer la perspective de l’union populaire de 68 à l’aune du programme commun de 72 et du gouvernement de 81.
Parmi les donneurs de leçons, certains sont encore plus mal placés. Dans son livre « Communisme, l’avenir d’une espérance », Patrice Cohen-Séat, qui se présente aujourd’hui comme dirigeant du PCF et que nous citons uniquement comme contre-exemple, se permet de fustiger le PCF de 68. Le même avoue pourtant qu’en 74, il hésitait entre le PS et le PCF… Avant 68, selon lui, le PCF se serait bien accommodé du pouvoir gaulliste et il ose prétendre qu’en 68 le PCF « serait resté aveugle et sourd à ce qui se tramait sous ses yeux ». Quel mépris pour les communistes! Sur ces fameuses questions de « société », comment nier que le PCF a été depuis 1920 le premier et le seul à promouvoir la place des femmes, des immigrés en politique, pour ne citer que cela. A Paris 15ème, à Citroën, par exemple, les camarades sortaient des tracts en 4 langues ! Qu’en tant que parti de masse, le PCF ait été moins sensible à certaines modes comportementales, qui, parfois, révélaient de profondes aspirations, c’est possible mais ce n’est pas une raison pour faire la leçon au seul grand parti ouvert sur les aspirations d’émancipation du plus grand nombre des travailleurs.
Il est enfin une autre dimension que l’on ne doit pas mettre sous le boisseau : le PCF était le seul parti présent au cœur du mouvement, depuis des années, suivant sa raison d’être, dans les entreprises. L’organisation communiste, implantée souvent au départ avec volontarisme sinon abnégation, contre la répression patronale, parmi les travailleurs par des travailleurs, a été un des moteurs principaux de tous les mouvements, de toutes les mobilisations, avec son analyse, ses perspectives, son organisation elle-même. Les ouvriers communistes s’organisaient pour lutter, se défendre, construire, en tenant compte des réalités.
Il est trop facile pour les donneurs de leçons, d’hier et d’aujourd’hui, de fustiger le PCF avec l’appui des media du grand capital. Nous affirmons que sans le PCF, sans les militants et les organisations communistes, 68 ne serait pas produit en France avec les résultats extraordinaires que l’on sait et que Sarkozy s’est fixé comme objectif de liquider.
Aujourd’hui, nous avons besoin du PCF, au moins tel qu’il était en 1968 !
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