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54% d’abstention : une sanction générale. Communistes, regardons en face la défaillance du PCF avec le « Front de gauche » !

17 Mars 2010 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #REGIONALES 2010

Résultats du 1er tour des régionales. 54% d’abstention : une sanction générale.

Communistes, regardons en face la défaillance du PCF avec le « Front de gauche » !

 

Le 1er tour des élections régionales est marqué avant tout par le niveau impressionnant atteint par l’abstention. Tous les autres résultats doivent être relativisés.

Cette abstention record contraste, de manière frappante, avec le développement de grandes luttes sociales dans le pays, dans des secteurs très divers mais sur des objectifs de plus en plus communs.  

Les souffrances, la colère populaires devant l’aggravation des conditions de travail et de vie ne trouvent pas d’expression électorale. L’exigence, les conditions d’une alternative politique que portent les luttes, ne trouvent pas de relais.

Les luttes butent, plus que jamais, sur l’enfermement de la vie politique dans le cadre institutionnel et sur le consensus sur le fond entre les partis de l’alternance, UMP, PS.

Il faut être aveugle pour le nier, le « Front de gauche » a subi tout autant le désaveu de l’abstention. L’alliance avec une partie de la social-démocratie a aggravé l’effacement du PCF et du vote communiste. La seule perspective avancée reste désespérément l’alignement sur le PS dans une nouvelle « gauche plurielle ». L’éloignement du PCF du monde du travail, des couches populaires, s’accentue encore gravement. Communistes, dans les mois prochains, nous allons pousser le débat et l’action pour que notre parti retrouve pleinement sa raison d’être. C’est une priorité que les élections régionales sont venues souligner.

 

 

Les élections régionales de 2010 sont comparables avec celles de 2004 par leur objet et par le situation en cours de quinquennat. L’abstention est passée de 39,1% en 2004 à 53,6% en 2010. En comptant les 1,7% de bulletins blancs ou nuls, seuls 44,6 % des électeurs inscrits se sont exprimés.

La hausse de l’abstention est générale et assez uniforme dans le pays. Mais on arrive à des records de non vote dans les zones les plus populaires, jusqu’à 70% d’abstention (comme à Bobigny), 80% dans certains bureaux.

 

Dans ce contexte, la sanction électorale que subit le pouvoir est à la fois cinglante et relative.

Le gouvernement ne peut se prévaloir que du soutien de même pas un Français sur 8. C’est un véritable désaveu.

Mais, dans le même temps, moins d’un Français sur 4 a voté pour l’opposition de gauche. La gauche est certes passée de 40% en 2004 à 50% en 2010 mais elle ne gagne aucune voix. S’il y a vote sanction, c’est par défaut.

 

Une première explication de l’abstention réside dans la campagne électorale. Elle a été réductrice et politicienne, esquivant les enjeux principaux.

C’est un choix des deux grandes forces politiques.

La droite, pour minimiser le désaveu prévisible, a concentré sa campagne sur des questions régionales. Le gouvernement a ouvert une diversion, un imposant des débats nauséabonds sur l’identité nationale et la sécurité, avec des concours inattendus (Burqa, minarets…).

Il a ainsi délibérément contribué à remettre en selle le Front national. Les résultats de notamment de Marine Le Pen dans les villes ouvrières du Nord-Pas-de-Calais (18,3% dans la région) sont littéralement effrayants.

De son côté, le PS, à peu près assuré de gagner l’épisode des régionales, a soigneusement évité de pousser le débat sur le fond. Sortant dans 20 régions sur 22, il est mal placé pour montrer l’efficacité de sa gestion comme contre-pouvoir à la politique nationale de la droite. Dans l’optique de 2012, le PS n’a aucun intérêt à trop ébruiter sa proximité avec le gouvernement sur des choix cruciaux comme le report de l’âge de départ à la retraite, le plan de soutien à la finance ou les directives européennes.

En décidant, avec retard, de diaboliser Georges Frèche, figure du social-libéralisme populiste à exorciser, la direction du PS a pu redorer son blason de « gauche » à bon compte. Les colistiers de Frèche seront promptement réintégrés dans le parti…

 

La campagne électorale a traduit, à nouveau, le consensus sur le fond des forces politiques de l’alternance. Ceux qui sont dans les luttes, ceux qui ont le plus intérêt à combattre la politique au service du capital ne s’y retrouvent pas. Fondamentalement, c’est ce que traduit l’abstention.

 

Les régionales marquent une nouvelle étape de la mise en place du jeu politicien de l’alternance pour 2012.

Sarkozy a annoncé pendant la campagne qu’il arrêterait les « réformes » au deuxième semestre 2011, six mois avant les présidentielles… D’ici cette date et l’ouverture d’une nouvelle période de démagogie effrénée, l’UMP boit la tasse. C’est logique : c’est la période du quinquennat où il lui faut faire passer les pires contre-réformes. Mais dans la perspective de ratisser plus large en 2012, la droite installe d’autres doigts à son râteau. Villepin est déguisé en opposant à Sarkozy, Fillon en concurrent potentiel. Beaucoup plus grave, la droite fait du FN un déversoir de la colère populaire.

 

Côté PS, les régionales marquent un tournant politicien. La tentation du Modem s’éloigne, malgré quelques dissonances. Les symboles et identifiants de la « gauche » reviennent. On l’a vu face à Frèche. On le voit avec Europe-écologie.

Les « écolos » apparaissent comme un rabatteur plus efficace pour le camp social-démocrate que le Modem en vue de 2012. Europe-écologie permet de capter la préoccupation environnementale, cultivée et détournée par l’idéologie dominante. En même temps, ce rassemblement très hétéroclite et attrape-tout peut passer pour être à « gauche » tout en associant des personnalités qui ne le cèdent en rien à Bayrou en termes de « libéralisme » ou d’engagement « européen » (Eva Joly, Cohn-Bendit).

Le résultat donne raison à ce raisonnement : 12,2% pour Europe-écologie, 3,9% pour le Modem.

 

Le « Front de gauche » ne s’est pas démarqué ; il n’a pas échappé au désaveu de l’abstention. Il en porte une part de responsabilité.

 

Selon les façons de compter les différentes combinaisons régionales, il obtient entre 5,8 et 6,5%. Dans les régions où il y avait des listes « Front de gauche », il reste à peu près au niveau des européennes de juin 2009 malgré le ralliement dans 3 régions du NPA.

La carte du vote « font de gauche » recoupe largement la carte du vote communiste mais il est loin, pour une élection à caractère locale, des 9% enregistrés par le seul PCF aux cantonales de 2008.

Par rapport à 2004, une comparaison est possible dans certaines régions.

Dans le Nord-Pas-de-Calais, la liste toujours conduite par Alain Bocquet maintient le bon score en 2010, 10,7%, obtenu par la liste PCF de 2004 mais perd quand même 1/5ème de ses voix (malgré l’apport du député Pg, ex-PS, Dolez).

En Ile-de-France, la liste conduite par Pierre Laurent perd en pourcentage par rapport à la « gauche populaire et citoyenne » de 2004, passant de 7,2 à 6,5% (malgré l’alliance avec plusieurs élus PS de 2004). En voix, elle chute de 264.000 à 189.000 avec des reculs considérables dans les banlieues populaires. En Seine-Saint-Denis, elle ne représente plus que 4,0% des inscrits contre 7,8% en 2004, dans le Val d’Oise 2,1% contre 4%.

L’action militante des communistes, le rayonnement de certaines personnalités (comme A. Chassaigne dans le Puy-de-Dôme), ont joué. Le PCF représentant 90% des forces du « Front », ils ont permis de récuser les discours sur le déclin inéluctable du PCF.

 

Mais communistes, il nous importe, bien plus qu’à tous les autres, d’être objectifs et de ne pas se payer de mots.

Ce n’est pas parce que le NPA régresse et que le Modem s’effondre que, pour autant, la stratégie du « Front de gauche » est validée.

La constatation qui s’impose, c’est que la stratégie du « Front de gauche » ne permet pas au PCF de répondre à la colère populaire et aux perspectives politiques ouvertes par les luttes.

Ce débat crucial doit enfin avoir lieu dans notre parti.

 

Pour nous, il se confirme combien le « Front de gauche », alliance fusionnelle mettant en valeur des éléments de la social-démocratie (Mélenchon), accentue l’effacement du PCF et de ce qu’il représente, entre autres du vote communiste. Combien d’électeurs communistes ont été en peine de trouver le bulletin du Parti ?

Le « Front de gauche » poursuit et aggrave l’alignement des directions du PCF sur la social-démocratie. Aucune rupture n’a été mise en avant avec la participation loyale à la gestion par le PS des régions depuis 2004 (sauf dans le Nord-Pas-de-Calais).

La notion de plus en plus vidée de sens de « gauche », de rassemblement de la « gauche », est systématiquement mise en avant aux dépens du contenu et de l’action. Le « Front » sert objectivement de caution de « gauche » à la social-démocratie et enferme le PCF dans la perspective institutionnelle de 2012, dans le cadre d’une « gauche plurielle » en reconstitution. Le ralliement sans condition au 2nd tour le montre encore.

Le « Front de gauche » a également paralysé le PCF, en particulier ses directions, pendant de longs mois de tractation sur la composition des listes, de calculs politiciens dont Mélenchon est si friand. En cherchant à additionner les sigles d’organisations groupusculaires de « gauche », il a gravement divisé le PCF.

Cette stratégie politicienne continue à détourner le PCF des entreprises et des quartiers populaires, dramatiquement quand on mesure l’explosion de l’abstention et la remontée du FN.

 

Il faudra que les choses soient dites et entendues dans le Parti. La méthode Coué de la direction et son autoritarisme ne peuvent plus durer. C’est une priorité pour l’avenir de notre parti mais aussi pour le pays, pour débloquer la perspective politique.

 

Les mauvais résultats du NPA et de LO montrent ce que ces organisations gauchistes représentent réellement sans le soutien des media.

 

Par son ancrage dans le pays, sa théorie et sa forme d’organisation historiques, le PCF peut et doit répondre aux exigences de l’alternative politique anticapitaliste qu’appellent les luttes et des fractions de plus en plus larges des couches populaires et intermédiaires. A condition que les communistes ne laissent plus la direction de notre parti tourner le dos à sa raison d’être, en faire un parti comme les autres.

 

Deux jours après le deuxième tour, le 23 mars, aura lieu la journée de grève et de manifestation interprofessionnelle à l’appel de cinq centrales syndicales. Pour défendre les retraites, les services publics, l’hôpital, l’école ou l’industrie, il s’agit plus que jamais pour les communistes d’être au cœur, à l’impulsion des luttes et non « à leur côté », de redonner entièrement son indépendance du PCF pour la remettre au service des travailleurs.

 

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