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« Pacte » présidentiel de Ségolène Royal : ça promet ! Surtout au patronat.

13 Février 2007 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #Actualités - Alternative politique

« Pacte » présidentiel de Ségolène Royal : ça promet ! Surtout au patronat.

Depuis plus de 20 ans, les programmes électoraux du PS sont tiraillés entre d’une part, la nécessité de donner quelques gages « à gauche », quitte à faire des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient, et d’autre part la volonté de conditionner les électeurs à la politique de gestion loyale des affaires du capital qu’il s’apprête à mener. Dans les propositions, floues et incomplètes, qu’elle a rendues publiques dimanche, Mme Royal a clairement privilégié ce deuxième aspect. Son programme n’est pas un programme « timidement » de gauche qui n’oserait pas s’attaquer suffisamment  aux puissances d’argent. C’est un programme conçu dans le sens du MEDEF et de la mondialisation capitaliste.

Le cadre est donné. Prolongeant son engagement fondamental pour le OUI à la « constitution » de l’UE du capital, la candidate socialiste confirme sa volonté de faire revoter les Français sur un texte renégocié. Reprenant à son compte les 65 milliards d’euros de cadeaux annuels au patronat, elle ne prévoit aucune réforme de la fiscalité et du financement de la Sécurité sociale dans le sens de la justice et de l’efficacité sociales et fiscales. Dans le respect des limites dues à « l’ampleur de la dette publique », cela veut dire point de ressources nouvelles. Enfin, Mme Royal s’est livrée dimanche à une violente diatribe contre « l’Etat colbertiste, jacobin, centralisé à l’excès », contre le « poids de nos administrations ». Il n’y a qu’un pas jusqu’aux discours réactionnaires prônant un « dégraissage ». Mme Royal semble ne pas vouloir entendre les manifestants du 8 février. 

De façon cohérente, la défense des services publics est absente des 100 propositions. Il est seulement question de continuer à les soumettre à l’UE à travers une nouvelle « directive-cadre ». Toujours le OUI à la « concurrence libre et non faussée » et aux directives de marchandisation! Voilà qui limite singulièrement la portée de l’objectif de « créer un pôle public de l’énergie entre EDF et GDF », d’autant que la renationalisation de ces entreprises n’est pas évoquée. Seule la lutte pourra garantir que ne se reproduise pas le scénario de 1997 pour France-Télécom, privatisée partiellement, malgré les promesses, dès le lendemain du scrutin.

Les annonces sociales ne conçoivent la solidarité qu’entre les exploités eux-mêmes. L’insuffisance des salaires est certes reconnue. Mais la perspective de l’élévation du SMIC à 1500 euros (brut) est repoussée « au plus tôt possible », d’ici 2012. Pour compenser la perte de pouvoir d’achat, Mme Royal incite les travailleurs et les jeunes à s’endetter ! L’Etat est invité par ailleurs à « prendre sa part de l’effort de financement » de la hausse des salaires. Dans la droite ligne de la soi-disant « Prime pour l’emploi » créée par M. Fabius, on sollicite la collectivité pour payer la rémunération du travail à la place des patrons qui en profitent ! 

La nouvelle étape de la Loi Fillon de démantèlement de notre système de retraite par répartition est programmée pour 2008. Tout en demeurant prudemment flou, le programme de Mme Royal l’a bien intégré, prévoyant une « réforme globale du système de retraite ». Ses contours apparaissent : 1°- un alibi social avec une augmentation, moins que modeste, de 5% des « petites retraites » (en deçà de quel montant ?) 2°- le refus de remettre en cause les 23 milliards d’euros d’exonération de cotisations sociales patronales. 3°- sous couvert, prudemment, d’un appel à une large négociation, remise en cause des régimes spéciaux de retraite et de « leur mode de financement » pour mieux faire sauter le verrou de la destruction de l’ensemble du système. 

En matière de logement, il ne s’agit jamais de s’attaquer aux racines de l’envolée spéculative mais de d’en limiter marginalement les effets, sinon de l’alimenter, avec de l’argent public. Tout pour les propriétaires : « avantages fiscaux et aides publiques », garantie de la caution, « simplification des procédures d’expulsion » (!!). L’objectif de construire 120000 logements sociaux par an reste en revanche peu crédible (35000 entre 1997 et 2002) devant l’insuffisance des financements. « Inciter au livret A » d’accord mais c’est impossible sans inverser le processus de privatisation de la « Banque postale », sans rejeter la tentative de Bruxelles de banalisation de l’épargne réglementée…

De même, sans moyens, les annonces pour l’hôpital, pour la recherche, pour l’école sont des vœux pieux. On relèvera aussi l’absence de propositions précises pour la défense de l’industrie du pays, contre les délocalisations… Flou encore et inquiétude devant l’ébauche d’une soi-disant « sécurité sociale professionnelle » qui pourrait rejoindre la « flexsécurité » prisée par le MEDEF.

Certains voudront encore nous vendre le programme de Mme Royal comme « moins pire » que celui de M. Sarkozy. Certes, sans doute pour capter les suites du mouvement contre le CPE, il prévoit l’abrogation du CNE. 

Pour nous la question ne peut pas se poser ainsi. Les positions de Mme Royal permettent à M. Sarkozy d’aller encore plus loin dans ses annonces anti-sociales, dans ses choix réactionnaires au service des multinationales et de la finance. Elles préparent le pays à une nouvelle alternance, à un nouveau gouvernement de régression économique, sociale et démocratique. Elles entretiennent le fatalisme. Nous excluons de rentrer dans ce jeu, d’envisager à nouveau en tant que communistes une participation à un nouveau gouvernement de « gauche plurielle». C’est la condition pour que les communistes, le PCF jouent tout leur rôle dans la véritable « campagne participative » : celle des luttes, de l’élévation du rapport de force dans le pays dans la suite du NON de 2005. Ne laissons pas le jeu de l’alternance étouffer la volonté majoritaire d’une véritable rupture et d’une alternative politique.

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M
Vous me voyez bien heureux de trouver un article qui dénonce l'attitude anti-jacobine de Mme Royal ! Que ce soit un article du PCF me redonne aussi le moral : le parti communiste n'a pas oublié que le jacobinisme a été à la source d'un certain nombre de ses aspirations !Evidemment, la presse aurait pu s'en faire l'écho ... mais sait-elle mieux que Mme Royal ce que sont les valeurs, l'héritage, l'histoire de la gauche ? Ce n'est pas sûr !Merci, donc, mille fois merci de votre article !
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R
La néo-bourgeoisie (que l'on persiste à dire "bohème") est devenue bien plus dangereuse et plus décivilisatrice que la vieille bourgeoisie française gâteuse. Personne pratiquement n'a mordu efficacement sur cet adversaire d'un cynisme effroyable. Je travaille, plutôt isolé sur ces questions depuis des années et j'apprécierais d'échanger à ce sujet.Cordialement.            J-Y Rossignol
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