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Exposition recommandée : « Indochine, des territoires et des hommes, 1856-1956 » aux Invalides

20 Janvier 2014 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #Culture

Exposition recommandée : « Indochine, des territoires et des hommes, 1856-1956 » aux Invalides

PCF Paris 15, 19 janvier 2014

140120_indochine_invalides.jpgL’exposition en cours à l’Hôtel des Invalides consacrée à l’histoire des relations entre la France et les nations de l’Indochine est particulièrement intéressante.

Certaines craintes étaient concevables. Mais le Musée de l’Armée, de la même façon que l’an dernier à propos de l’Algérie, montre, du point de vue de l’armée, l’intervention française et ses effets dans toutes leurs contradictions. Sa nature impérialiste, dans la version colonialiste, n’est jamais niée. L’exposition aborde largement les résistances nationales, notamment vietnamiennes, l’action politique et militaires impulsée par les communistes avec Ho Chi Minh. Elle évoque la résistance anticolonialiste en France animée par le PCF et dont Henri Martin est le symbole. Elle offre un choix de documents historiques diversifiés, souvent rares, traitant sur plusieurs niveaux, militaire, politique, économique, culturel de cet épisode d’un siècle.

Le pouvoir et l’Armée n’ont visiblement plus intérêt à défendre la légitimité de leurs guerres coloniales perdues, encore moins à cultiver une nostalgie colonialiste. Les acteurs, défenseurs les plus fanatiques de cette conception, ont presque disparu. Revaloriser l’adversaire, notamment en Indochine, reste un moyen de relativiser le choc de l’échec de l’impérialisme français. Solder cette histoire, dans le calcul de certains, permet de mieux légitimer la poursuite de l’action impérialiste de la France aujourd’hui, sous l’égide de l’OTAN et de l’UE, notamment en Afrique.

Toujours est-il que l’exposition des Invalides est remarquable et que nous en recommandons la visite (jusqu’au 26 janvier seulement).

Ci-dessous les impressions de l’historien Alain Ruscio :

 

Un travail de qualité : L’Exposition

Indochine, des territoires et des hommes, 1856-1956 

 

Est-il possible d’écrire sereinement une histoire des relations franco-vietnamiennes – ou, au delà, franco-« indochinoises » à l’époque coloniale ? Et même, osons le mot, scientifiquement ? La gageure est d’importance. Elle peut paraître insurmontable lorsqu’un tel défi est lancé à une institution militaire, en l’occurrence le Musée de l’Armée, lorsqu’on sait combien les blessures des officiers et soldats français envoyés naguère dans cette région du monde ont été profondes.

 

Avouons notre bonne surprise, après avoir arpenté, longuement, l’Exposition en cours, après avoir observé minutieusement les vitrines, les cartes, les documents nombreux exposés. Certes, la qualité de la documentation, parfois son caractère exceptionnel, étaient attendus. Mais l’effort de contextualisation, la rigueur des présentations, l’honnêteté intellectuelle des explications, emportent l’adhésion. Les commissaires de l’Exposition ont souligné, par exemple, la force du nationalisme (vietnamien surtout) et la permanence des résistances aux conquêtes coloniales, puis à l’occupation. Abandonnées, les anciennes explications sur « la main de l’étranger », les « minorités agissantes », du « Can Vuong » à la guerre d’Indochine. La présence française n’en est pas pour cela caricaturée. Le colonialisme a eu en permanence une double nature : un pouvoir étranger imposé, souvent durement, mais provoquant une entrée accélérée dans la modernité. C’est la complexité de l’Histoire. Lorsqu’elle est présentée de cette façon, elle devient passionnante.

Un seul regret : que cette Exposition, contribution majeure à l’année du Viêt Nam en France, s’achève en janvier… précisément lorsque cette année commence. 

Alain Ruscio

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