Hidalgo/NKM : bonnet blanc et blanc bonnet !
Hidalgo/NKM : bonnet blanc et blanc bonnet !
Pcf Paris 15, 17 janvier 2014
La campagne des élections municipales excite au plus haut point quelques centaines de personnes, peut-être quelques milliers, à commencer par ceux qui aspirent à une quelque place. Elle suscite en revanche, même à 70 jours du scrutin, une large indifférence parmi les travailleurs et dans la population. C’est logique. La volonté de rupture avec la politique poursuivie par Hollande ne pourra s’exprimer électoralement, nationalement. Les enjeux locaux seront prépondérants, mais à ce niveau-là aussi, le plus souvent, sans véritable alternative sur le fond au consensus des partis dominants et aux questions de personnes. Le rôle de déversoir des colères assigné par le système au FN jouera surtout pour les européennes, même si certains à « gauche » espèrent atténuer les effets du « vote sanction » grâce au maintien des listes d’extrême-droite au second tour.
A Paris, où le débat se rapproche le plus du national, le jeu politicien est caricatural et l’impasse politique est totale dans ces élections.
La situation dans laquelle se retrouve Mme Kosciusko-Morizet en est l’illustration. Cela nous est bien égal pour elle. Mais nous constatons qu’elle est dans l’impossibilité de se différencier vraiment de la politique socio-libérale de Delanoë/Hidalgo tant leurs choix sont identiques.
Le poids électoral de la bourgeoisie « libérale » à Paris (les « bobos ») a dissuadé NKM de jouer la partition de l’opposition au mariage homosexuel, celle de l’équation, si souvent entendue ou sous-entendue parmi les responsables de l’UMP, « logement social = immigrés = délinquance ».
Dans l’impossibilité de se démarquer à droite, elle est évidemment aussi incapable de se distinguer à gauche. Elle s’y essaie un peu en se montrant plus offensive contre l’immobilier de bureaux spéculatif (cela n’engage à rien). Dans le 15ème, il a été amusant en juillet de voir la droite nous rejoindre pour le rétablissement d’un centre de santé à Beaugrenelle tandis que le PS Jean-Marie Le Guen la rembarrait au nom des intérêts de la médecine libérale.
La maladresse de Peillon sur les rythmes scolaires, sur lequel s’est alignée Hidalgo, fournit un os à ronger à NKM. Mais les revendications des syndicats enseignants, que nous soutenons activement, ont peu à voir sur le fond avec les positions de ceux qui ont mis en œuvre la loi Darcos aggravée maintenant par le PS.
Le 4 pages programmatique de NKM est donc vide de critique véritable. En réclamant encore plus de vidéosurveillance, elle montre que Delanoë/Hidalgo en ont installé partout, contre les libertés civiles. En réclamant le gel de l’emploi public, elle valide les externalisations et les recours au privé dont Delanoë/Hidalgo ont fait la norme : nettoiement, Velib pour Decaux, Autolib pour Bolloré etc. NKM veut accroître les aides aux entreprises au nom de « l’emploi »: ce sera difficile de dépasser la complaisance de Delanoë/Hidalgo pour le grand patronat et la finance. Même sur les gadgets, NKM est devancée : transformer le reste de la petite ceinture en promenade écolo (au lieu de consacrer cette structure ferroviaire existante au fret comme nous le proposons), Delanoë/Hidalgo l’ont déjà amorcé. Aménager les horaires des services publics : Hidalgo était responsable du fumeux « bureau des temps » sous la première mandature Delanoë. On a bien compris que l’objectif de l’extension des transports de nuit répond au besoin, non des fêtards, mais des patrons qui veulent faire travailler à toute heure leurs salariés. Travail du dimanche et du soir : NKM et Hidalgo se rejoignent d’ailleurs encore.
Il reste un seul vrai argument de campagne à NKM pour dissuader de voter Hidalgo : dénoncer la politique nationale de Hollande dont elle est une très proche lieutenante depuis le début de son ascension politique. Mais voilà, la TVA antisociale, la casse des retraites, les aides aux licenciements, la soumission à l’Union européenne, toute la politique de Hollande-Hidalgo n’est que la poursuite de la propre politique de Sarkozy dont NKM a été ministre.
Effectivement le danger principal pour l’équipe d’Hidalgo, c’est l’abstention-sanction des électeurs déçus par Hollande, de ceux, travailleurs et couches les plus pauvres, qui subissent de plein fouet sa politique.
Hidalgo s’efforce de ne plus trop se montrer derrière Hollande… Mais il est difficile de cacher ses choix fondamentaux d’autant que les débauchages et ralliements venant des partis de droite se succèdent, du Modem, mais aussi de l’UMP. Dans le 15ème, Hidalgo a recruté l’ex-ministre UMP Dominique Versini, « chiraquienne » revendiquée. Dernier soutien en date, le conseiller de Paris, ancien directeur de cabinet de Brice Hortefeux ( !), Thierry Coudert. Parallèlement, l’ex-ministre de Sarkozy, Martin Hirsch, a été nommé à la tête des hôpitaux de Paris.
Pour contrebalancer, dans le dispositif de la « gauche », les écologistes EELV présentent des listes autonomes au 1er tour. Sur certaines questions, non principales, ils se sont un peu démarqués de Delanoë. Mais ils sont dans le gouvernement de Hollande, avec Mme Duflot comme ministre du logement.
Le Front de gauche se coule dans sa fonction de caution de « gauche » et de force d’appoint (bien appointé) de la social-démocratie, avec une répartition des rôles suivant ses composantes. Les divisions et chamailleries mises en scène, exagérément médiatisées, entre Mélenchon et la direction de notre Parti à propos des municipales parisiennes ne doivent pas tromper.
Les élus sortants PCF et PG se sont montrés de dociles soutiens à Delanoë. Ils sont solidaires de son bilan, les PCF comme membres de l’exécutif municipal, les PG comme élus … PS en 2008.
Au PCF le rôle de caution de « gauche » dès le 1er tour, comme il le fait depuis 2001 derrière Delanoë. L’identité historique de notre parti continue de représenter un symbole fort. La direction du PCF Paris, avec l’intervention personnelle de Pierre Laurent, sénateur de Paris, est parvenue, difficilement, à imposer ce choix indéfendable, à le faire ratifier par les adhérents avec un vote biaisé (voir nos précédents articles). Mélenchon leur a donné un coup de pouce avec sa posture agressive contre les communistes. Hidalgo n’a rien eu à céder sur le fond. La justification principale du ralliement des futurs élus PCF dès le 1er tour est la perspective de 30% de logements sociaux en … 2030 : 10 ans après la fin de son mandat éventuel.
Au Parti de gauche et ses ex-PS la fonction de canaliser au 1er tour, avec des listes « indépendantes » sur une posture gauchiste, l’électorat de gauche en colère pour mieux le diriger au 2nd tour vers le PS. Mélenchon en a montré l’exemple en 2012.
La récompense globale pour le Front de gauche s’élève à 17 sièges confortables de conseillers de Paris avec les postes d’adjoints, de secrétaires, de collaborateurs qui en découlent. C’est 7 sièges de plus qu’aujourd’hui. Les listes Fdg-PG sont données à 5% des voix en moyenne à Paris. Elles pourront sans doute fusionner avec les listes de « gauche plurielle » dans la plupart des gros arrondissements. La répartition se fera alors entre les « partenaires », certainement dans la douleur...
On peut s’interroger sur l’efficacité du soutien à Hidalgo, à côté des sarkozystes Enrico Macias et Serge Klarsfeld, des dirigeants de la CGT Didier Le Reste (à qui un poste de Conseiller de Paris est promis) et de Bernard Thibault. L’appui politique inédit de Bernard Thibault, alors au nom de la CGT, à Hollande en 2012 a contribué à nourrir de graves illusions qui le discréditent aujourd’hui.
Le FN, dépourvu d’organisation locale, espère un coup de pouce médiatique pour embarrasser l’UMP et se faire une place.
La réalité des triste, mais il faut la voir et l’analyser objectivement. L’importance des municipales, notamment à Paris, est très relative. Les jeux sont faits.
Communistes de la section du 15ème arrondissement, ces constats nous amènent à refuser de faire campagne pour quelque liste que ce soit. D’autant plus que la direction du PCF 75 a pris garde à écarter notre option (liste de rassemblement et de lutte présentée par le PCF) du vote interne. Nous ne laisserons pas discréditer notre Parti.
Face aux deux équipes en présence, nous revenons à la célèbre expression : « Hidalgo/NKM : blanc bonnet/bonnet blanc ».
Cela ne nous empêchera pas, tout au contraire, dans la période, de poursuivre et amplifier nos actions contre la politique du capital, qu’elle soit portée nationalement ou relayée localement, de poursuivre et amplifier nos luttes locales pour les travailleurs et les populations du 15ème.
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