Intervention d’un camarade de l'UL CGT de Paris 15 (RATP - dépôt de Croix-Nivert) au Comité général de l’UD CGT du 9 décembre 2014
11 Décembre 2014 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #REPRESENTATIVITE SYNDICALE
Intervention d’un camarade de la CGT (RATP - dépôt de Croix-Nivert), représentant l’Union locale CGT de Paris 15, au Comité général de l’Union départementale CGT du 9 décembre 2014
PCF Paris 15, 11 décembre 2014
Nous reprenons ci-dessous l’intervention au Comité général de l’Union départementale CGT du 9 décembre 2014 prononcée par le camarade, Pierre Yaghlekdjian, de la CGT RATP Croix-Nivert qui représentait l’Union locale du 15ème. Il met notamment en relation les résultats des dernières élections professionnelles, les « affaires » Lepaon et l’orientation générale impulsée depuis plusieurs années par la direction confédérale de la CGT dans son ensemble.
Voir aussi: Résultats des élections professionnelles dans la fonction publique : premières analyses et hypothèses
Chers camarades,
Le comité général de notre UD s’ouvre dans un contexte inédit et très mouvementé pour l’ensemble de notre organisation. Résultats des élections professionnelles, « affaires » autour du secrétaire général de la CGT, positions et actions de la CGT par rapport à la politique gouvernementale… Les militants de la CGT se posent légitimement beaucoup de questions, attendent une prise de position de leurs organisations et notamment de l’UD de Paris. C’est notre devoir d’y répondre aujourd’hui le plus précisément possible et sans langue de bois.
Même si nous n’avons pas encore tous les résultats des élections professionnelles, nous ferions preuve d’aveuglement si nous ne faisions pas le constat qu’ils sont, pris globalement, mauvais pour la CGT. Ils sont en recul quasiment partout y compris dans mon entreprise, la RATP.
Oui, nous restons la 1ère organisation syndicale du pays mais devons-nous nous en satisfaire :
- alors que la CGT est dans la plupart de nos entreprises le seul syndicat à organiser concrètement la lutte,
- alors que dans chaque journée d’action, soi-disant « unitaire », les militants CGT représentent au bas mot 9/10èmes des cortèges.
- alors que la CGT, par son maillage territorial, grâce à ses UL, est la seule organisation à faire vivre et à organiser concrètement l’action interprofessionnelle des salariés et à développer inlassablement la conscience de classe du salariat dans le pays.
Nous devons tirer des conclusions de ce résultat. Tout d’abord, le déchainement médiatique autour de l’appartement, puis du bureau, puis des indemnités de « départ » de Thierry Le Paon a-t-il joué dans le résultat ? Oui, sans hésitation. Nous avons été nombreux à dire que ces « affaires » étaient montées en épingle, à quelques jours du scrutin. Nous avions raison ! Mais découvre-t-on aujourd’hui que les médias du capital défendent les intérêts du capital ? Depuis sa création, la CGT et ses dirigeants, font l’objet d’attaques féroces de la part de ces médias. Et c’est en conscience, qu’il a toujours été demandé aux dirigeants de notre organisation (à quelque niveau que ce soit) d’être irréprochables.
Oui, Thierry Le Paon a personnellement de lourdes responsabilités dans la situation actuelle. L’avenir de sa situation à la tête de la CGT ne fait, à mon sens, guère de doute. Mais les fautes qui sont les siennes ne doivent pas servir à faire diversion sur la responsabilité collective de la direction confédérale. Et notamment sur une ligne politique et une stratégie, qui ont été définies bien avant l’arrivée de Thierry Le Paon, du temps de Bernard Thibault, et qui à notre sens, tournent le dos aux conceptions de classe et de lutte, qui sont les fondements historiques mêmes de la CGT.
Non, Thierry Lepaon n’était pas encore secrétaire général, ni en 2010 lorsque la direction confédérale s’est contentée de réclamer l’ « ouverture de véritables négociations » sur les retraites au lieu d’organiser le bras de fer général pour le retrait du projet de loi, ni en 2012 quand la direction confédérale a choisi de s’impliquer comme jamais dans la campagne de la gauche et de Hollande, cultivant avec complaisance toutes les illusions. Ce n’est pas lui non plus qui est à l’origine des orientations du « syndicalisme rassemblé » sur le plus petit dénominateur commun avec les organisations réformistes ou du « syndicalisme de compromis ». Ces orientations étaient partagées par tous les prétendants à la succession de Bernard Thibault en 2013, comme elles le sont aujourd’hui par tous les prétendants à sa propre succession.
Ainsi, Thierry Lepaon ne s’exprimait-il qu’en son nom propre lorsqu’il déclarait au magazine « Nouvel Economiste » qu’« il n’existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat. » ? De même, au moment de la grève à la SNCF contre la « réforme ferroviaire », Lepaon s’exprimait-il en son nom propre quand il est clairement rentré dans la stratégie d’extinction du mouvement, valorisant les concessions bidon du gouvernement, alors que les militants sur le terrain luttaient tous les jours pour l’amplification du mouvement ? Si oui, pourquoi n’a-t-on jamais entendu de démenti de nos instances confédérales ?
Et peut-être plus grave encore sont, dans les dernières semaines, les ouvertures qui ont été faites par les négociateurs CGT au Medef sur la remise en cause des seuils sociaux.
Ce sont toutes ces questions qui sèment un grand trouble dans la CGT, quand elles n’éloignent pas tout bonnement de l’organisation de nombreux militants de terrain conséquents. Et ce n’est pas une révolution de palais, le remplacement de Thierry Lepaon par un autre chef de clan, qui sur le fond partage la même ligne politique, qui règlera quoi que ce soit.
C’est un débat de fond qui doit se rouvrir à tous les niveaux de la CGT, pour qu’enfin les salariés retrouvent une organisation de classe qui leur permette de gagner, par la lutte, face au patronat. Une organisation :
- qui construise réellement, sur le terrain, le rapport de force contre la politique du gouvernement.
- qui organise la lutte pour la reconquête de nos retraites et de notre sécu.
- qui organise la lutte, dans tout le pays, pour l’augmentation générale des salaires
- qui repose enfin la question de l’appropriation sociale des grands moyens de production et d’échange.
Car cette organisation ne peut être QUE la CGT !
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