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Municipales à Paris et dans le 15ème. L’indifférence électorale ne doit pas masquer la profonde volonté de rupture.

29 Mars 2014 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #PARIS

Municipales à Paris et dans le 15ème. L’indifférence électorale ne doit pas masquer la profonde volonté de rupture.

PCF Paris 15, 28 mars 2014

140329_paris_arrond.gifLes élections municipales n’ont pas réservé de surprise à Paris. Les jeux sont faits dès le 1er tour ou presque. Tous les arrondissements sont en passe de garder la même municipalité. Les deux où l’issue du vote est un peu plus indécise – le 5ème pouvant basculer à gauche, le 9ème à droite – n’élisent que 4 conseillers de Paris sur 151. Anne Hidalgo succédera à Bertrand Delanoë à Paris et Philippe Goujon se succédera à lui-même dans le 15ème.

Les tendances nationales – montée de l’abstention, vote déversoir sur le FN – sont atténuées dans la capitale. Comme c’était écrit d’avance, la rupture avec la politique « social-libérale », n’est pas pour maintenant à Paris, du moins depuis les urnes.

La campagne électorale a reflété le large consensus entre les principaux candidats sur les questions de fond, aussi bien nationales que locales, étouffant la contradiction, même le débat public, avec toute force portant quelque alternative.

L’abstention augmente de 0,7%, moins fortement qu’au plan national. Mais le niveau atteint est bien plus élevé : 43,7% des inscrits. Dans le 15ème, la participation a augmenté de 2% sans doute à cause de la médiatisation d’Hidalgo.

Il faut relever le faible taux d’inscrits par rapport à la population. Paris compte 2.250.000 habitants dont 1.880.000 personnes majeures et 1.710.000 majeurs de nationalité française ou ressortissants des pays de l’UE. Mais il n’y a que 1.240.000 inscrits sur les listes électorales. La radiation massive d’électeurs depuis 2012, notamment dans le 14ème arrondissement, pose question sans changer le fond du problème.

Les listes de la probable future maire de Paris n’auront recueilli au 1er tour que le vote de moins d’un Parisien adulte sur 8. Comme dans les autres grandes villes et en banlieue, le suffrage « universel » l’est de moins en moins. Il y a crise démocratique. Tous les résultats sont à relativiser.

Au demeurant, les motifs d’abstention ne manquent pas, à Paris encore plus qu’ailleurs peut-être. De toutes les communes, la capitale est celle où la situation politique s’apparente le plus à la situation nationale. Delanoë et Hidalgo n’ont pas pu masquer leur proximité immédiate avec Hollande qui poursuit la politique de Sarkozy. L’absence de changement national avec Hollande souligne le caractère social-démocrate, « libéral », de la gestion de la municipalité sortante, qui, après 13 ans, ne peut plus dénoncer le bilan de ses prédécesseurs.

Les programmes et les discours creux d’Hidalgo et NKM se sont révélés presque interchangeables comme leurs équipes. On ne compte plus les ralliements venant du Modem ou de l’UMP à Hidalgo, le dernier en date, après le 1er tour, celui de la tête de liste UMP dans le 18ème en 2008, Roxane Descorte. Dans le 15ème, c’est la caricature : l’ex-ministre UMP, Dominique Versini, figure en 3ème position derrière Hidalgo pendant que l’ex secrétaire général des Verts et partenaire de l’union de la gauche, Yann Werling, est en 4ème position derrière l’UMP Goujon.

Dans ce contexte, les mouvements de voix entre 2008 et 2014 sont en fait de faible ampleur, ce qui permet aux deux camps principaux de crier victoire, alors qu’en réalité, les deux sont sanctionnés.

La droite rassemblée de NKM arrive en tête, certes, mais perd, avec 35,6%, près de 2% et 10.000 voix sur le total UMP+Modem de 2008. Les dissidents et divers droite restent au même niveau : 5%. La droite ne se relève pas du vote sanction qui l’a frappé en 2008, pas plus à Paris qu’ailleurs, malgré l’illusion d’optique.

De leur côté en effet, les listes issues de la majorité de « gauche » sortante ont obtenu, prises ensemble un résultat pratiquement stable sur 2008, 48%. Mais avec 34,4%, les listes Hidalgo sont devancées. Elles endossent le vote sanction contre la politique du gouvernement, tout en drainant des voix de droite qui le compensent.

Les listes EELV et PG-FdG ont bien joué leur rôle de matelas d’amortissement.

Le résultat des écologistes, en hausse de 2% à 8,8%, provient sans doute en partie de leur position critique – la seule dans la majorité sortante – à l’égard de la politique d’urbanisme d’Hidalgo qu’ils rallient cependant sans état d’âme. Ils ont certainement profité – dans le fond on ne voit pas pourquoi - du nuage de particules fines qui a empesté Paris avant le scrutin. Dans la capitale, il se trouve aussi une population qui a les moyens d’habiter assez près de son travail pour s’y rendre à bicyclette et d’avoir comme préoccupation prioritaire un aéroport situé à 400 kilomètres...

Le PG-FdG de Mme Simonnet et M. Corbière, élus PS en 2001 et 2008, a réussi à canaliser, sur un mode gauchisant, certains déçus de Hollande, tout en recyclant la majeure partie des voix du NPA de 2008. Avec  5%, leur résultat est conforme aux sondages.

Ils ne seront même pas récompensés en sièges d’avoir occupé « l’espace politique » à gauche du PS. Leurs anciens camarades du PS et du Front de gauche les ont éconduits des fusions de liste, après qu’ils ont pourtant appelé à « battre la droite ». Les règlements de compte entre anciens du PS et de l’UNEF, l’avidité de sièges de ceux qui n’ont pas osé se présenter devant les électeurs donnent une image déplorable. Sans aucune sympathie politique pour les dirigeants du FdG et leur démarche, nous comprenons la colère de leurs électeurs. L’avenir de l’attelage bâtard du Front de gauche est plus que jamais posé.  

A Paris, la progression du FN est très inférieure à celle constatée dans les autres grandes villes et villes moyennes. Il passe quand même de 3,2% en 2008 à 6,3% en 2014, soit un gain de 20.000 voix. Les raisons des faibles scores relatifs du FN à Paris sont connues. Il y a moins de colère sociale à détourner dans une ville où les revenus sont nettement supérieurs à la moyenne nationale. Les populations les plus pauvres, comme en proche banlieue, restent profondément rétives au discours anti-immigrés des Le Pen.  A Paris, le système a moins besoin du FN que dans le reste du pays pour que rien ne change.

C’est bien cela l’enseignement principal de ces élections sans surprise : Elles ne vont rien changer. Aucune condition politique pour le changement, pour l’expression même d’une rupture avec la politique du capital, ne pouvait pointer lors de ce scrutin.

Conscients de cette réalité, communistes de la section du PCF du 15ème arrondissement, nous avons concentré notre action, pendant la campagne électorale, sur la mobilisation contre le « Pacte de responsabilité », avec l’heureuse manifestation du 18 mars, et sur des sujets parisiens locaux précis : la santé (Hôtel-Dieu, défense des centres de santé), le logement, les équipements publics etc. Notre objectif est de renforcer les luttes pour dès après les élections.

Les résultats dans le 15ème sont similaires, au vu des conditions locales, aux résultats parisiens. On remarquera seulement un recul plus accusé d’Anne Hidalgo par rapport à 2008, en comparaison avec les listes PS+ des autres arrondissements, malgré son statut de future maire. Sa politique favorisant la spéculation dans le 15ème (Beaugrenelle avec la vente du centre commercial en pleine campagne, la Porte de Versailles etc.), son rejet hautain des revendications sociales du mouvement associatif ont pesé.

Nous avions pris acte de la décision de la direction du PCF Paris de rallier dès le 1er tour les listes Hidalgo contre un certain nombre de places, tout en contestant les conditions biaisées du vote interne de ratification. Il n’était pas question pour nous de participer à cette démarche.

Nous vérifions aujourd’hui à quel point elle aura des conséquences lourdes pour la crédibilité de notre Parti, les luttes initiées ou relayées par les communistes, dans les quartiers et les entreprises.

Certains arguments étaient recevables même s’ils convainquent moins que jamais.

Plus d’élus efficaces ? C’est normal de le revendiquer. Mais tant de bonnes places octroyées par Hidalgo, sans avoir à coup férir, sur la base de l’alignement sur son programme social-libéral, préparent une satellisation accrue au PS. Hidalgo rejette la fusion avec le PG parce qu’il ne s’engage à voter les budgets des six prochaines années. Les élus PCF ont donc fait cet acte de soumission.

Unis contre un retour de la droite ? La politique de Delanoë et Hidalgo a ouvert des champs nouveaux à la réaction et aux puissances d’argent que l’UMP pourrait investir pour faire bien pire. D’accord. Mais soutenir la politique d’Hidalgo pour prévenir une politique pire encore qu’elle rend possible… c’est tordu !

D’autres arguments sont fallacieux, hypocrites et risquent de se retourner contre tous les communistes. Nous ne laisserons pas faire.

On ne peut pas prétendre soutenir les urgences de l’Hôtel-Dieu, le projet de reconstitution de l’hôpital sans dénoncer Hidalgo et son adjoint à la santé Le Guen, sans dénoncer le nouveau directeur général de l’AP-HP Hirsch, ex-ministre de Sarkozy qui portent le projet de casse.  

Des affiches incroyables « contre la spéculation immobilière, votez Hidalgo » ont été produites par des candidats PCF sur listes PS. Nous sommes outrés par ce que nous espérons être de l’ignorance et non de la duplicité. Le promoteur Gecina, champion des ventes à la découpe, empoche 300 millions d’euros de plus-value à Beaugrenelle, en pleine campagne électorale, grâce à Hidalgo ! Pourquoi pas une affiche : « mieux vaut une spéculation de gauche que de droite » ?

Les habitants et travailleurs du 15ème arrondissement peuvent continuer à compter sur l’action des communistes de la section du PCF Paris 15ème pour rassembler et défendre leurs intérêts face aux puissances d’argent, face à leurs valets, éventuellement aux valets de leurs valets.

Dans les prochains jours, rendez-vous dans les luttes contre le « pacte de responsabilité » !

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