EDT pour Vivelepcf, 19 juillet 2014
L’explosion de l’avion de la Malaysia Airlines est une tragédie. On n’est pas prêt de savoir si elle résulte d’un accident, d’un acte de guerre délibéré ou d’une terrible méprise.
Mais les dépouilles n’étaient pas encore refroidies que le président de Kiev, Porochenko et ses souteneurs américains et européens instrumentalisaient déjà le drame. Ils désignaient des coupables du côté des « séparatistes pro-russes » et de la Russie. Leur visée politique est clairement d’accélérer la prise de contrôle de l’est de l’Ukraine et la politique de répression, au nom maintenant du prétexte éculé de la lutte « contre le terrorisme ». Les accusations et intimidations lancées à l’encontre de la Russie font peser, à nouveau, le risque d’une escalade militaire incontrôlable.
Maintenant, la réalité de la guerre dans les provinces de l’est de l’Ukraine ne peut plus être masquée à l’opinion publique internationale. Elle emploie des armements lourds, artillerie, chars, missiles. Elle a causé, au bas mot, selon les rares chiffres communiqués en Occident, au moins 2000 morts, d’immenses destructions et l’exode de centaines de milliers de personnes fuyant les combats et les exactions.
Cette guerre résulte de la volonté du nouveau pouvoir installé à Kiev d’étendre son autorité, par les armes, sur les provinces qui ont refusé le coup d’Etat de mars 2014, ce coup d’Etat qui l’a mis en place, mal avalisé par une élection présidentielle bâclée et sous influence.
Cette guerre est une guerre de conquête.
Il est difficile, de France, de mesurer la représentativité et les orientations respectives des différents groupes politiques « fédéralistes », « sécessionnistes » ou « rattachistes pro-russes » et des groupes paramilitaires qui organisent la défense des régions de l’est.
Mais les populations des provinces de l’est, plus encore que l’ensemble des Ukrainiens, sont fondées à redouter et rejeter le pouvoir issu du coup d’Etat de Kiev.
La première mesure prise après le coup d’Etat a été d’interdire l’usage officiel de leur langue, le russe. Des factions ultranationalistes, certaines ouvertement néonazies siègent au gouvernement à Kiev. Le racisme anti-Russophones et anti-Russes guide leurs actes. Les opposants, les représentants des régions de l’Est, en premier lieu les communistes (qui sont fédéralistes et partisans de l’unité de l’Ukraine) sont persécutés.
Dans ces premières mesures, le président Porochenko s’attaque frontalement à l’économie et l’industrie des provinces de l’Est, imbriquées avec l’économie russe. Il vient de signer l’accord controversé « d’association avec l’UE », en fait de « libre-échange » qui s’apprête à les détruire sous le coup de la concurrence faussée et des normes occidentales.
Maintenant, il y a l’agression militaire de l’armée d’un Etat contre des milices locales improvisées. L’armée ukrainienne frappe les habitations et tue. Elle cible et détruit précisément les sites industriels. Dans les villes conquises, le nouveau pouvoir opère l’épuration politique, sinon ethnique.
L’armée ukrainienne ne risque pas d’être accueillie en libératrice. Loin de chercher à réunifier le pays, l’attaque de l’armée de Porochenko écarte les plaies pour qu’elles ne cicatrisent jamais.
La guerre se situe dans la continuation du coup d’Etat. Toutes les populations d’Ukraine en font durement les frais. La propagande nationaliste et impérialiste ne peut masquer cette réalité.
Après 20 ans de régression économique et démocratique, l’aspiration au changement était forte. Elle a été complètement trahie.
Ceux des manifestants de la place Maïdan qui espéraient une rupture avec la domination des oligarques et un développement démocratique ont eu le droit un coup d’Etat plaçant au pouvoir une autre équipe d’oligarques s’appuyant sur des néo-nazis. Les progressistes et en premier lieu les communistes sont pourchassés dans un déchaînement de haine.
Ceux qui espéraient des réformes sociales assistent à l’aggravation de la corruption et du pillage du pays, suivant les ordres du FMI et de l’UE. En même temps qu’il mène la guerre, le nouveau régime décide d’un vaste plan de privatisations, notamment de l’énergie et des logements, de nouvelles coupes sociales, l’augmentation du prix des biens de première nécessité.
Ceux qui espéraient une affirmation de la souveraineté et de l’unité du pays ont devant eux aujourd’hui la rupture du fragile équilibre entre les influences des puissances occidentales et du frère russe, la mise sous protectorat des Etats-Unis et des pays de l’Union européenne, le démembrement du pays.
L’ingérence des impérialismes américain et européens a été constante depuis le revirement de l’ex-président Ianoukovitch et son refus de signer l’accord économique de soumission à l’UE. Ils ont outrancièrement déstabilisé le pays, favorisé le coup d’Etat (peut-être même la CIA l’a-t-elle directement organisé). Ils poussent maintenant leur avantage avec Porochenko suivant les mêmes méthodes de propagande et d’aide financière, logistique et militaire.
Leurs intérêts sont connus. Pour les puissances impérialistes de l’UE, Allemagne et Pologne en tête, l’Ukraine est un marché, un réservoir de matière première et de main d’œuvre – moins chère que les travailleurs chinois – un hinterland pour délocaliser. USA et UE recherchent aussi le contrôle des voies d’approvisionnement en énergie. Leur priorité est aussi et surtout de réduire la puissance russe économiquement et politiquement, d’installer l’OTAN offensivement aux portes de Moscou.
La Russie de Poutine masque mal son impuissance et doit se contenter, pour l’instant comme lot de consolation, de la Crimée, peuplée majoritairement de Russophones mais aussi de personnes ayant la nationalité russe. La question n’est pas de défendre la Russie et encore moins Poutine mais de ne pas laisser faire les agissements des néo-fascistes et la guerre de l’armée de Porochenko, téléguidée par les impérialistes occidentaux et s’appuyant sur les néofascistes.
Aussi, devant les risques d’escalade avec l’explosion de l’avion malais, communistes en France, nous appelons avec encore plus de force à intervenir pour que le président, le gouvernement et le Parlement français :
- Exigent un cessez-le-feu immédiat. Tout doit être fait pour faire cesser cette guerre et ouvrir des pourparlers entre toutes les forces en présence.
- Interdisent toute livraison d’armes françaises aux belligérants.
- Prévoient des sanctions contre le pouvoir ukrainien.
- Dénoncent les fascistes ukrainiens et leurs crimes, refusent de reconnaître un gouvernement de Porochenko comprenant des fascistes.
- Dénoncent et ne ratifient pas, dans l’intérêt de la souveraineté et de l’économie de l’Ukraine, comme dans l’intérêt des travailleurs français, l’accord « d’association économique » avec l’Union européenne.
Les populations de l’est de l’Ukraine, bombardées, réprimées, poussées à l’exode ont besoin de la solidarité internationale. Non à la guerre de conquête de l’est de l’Ukraine. A bas le fascisme !
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