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Travailleurs grecs – travailleurs français : même intérêt à combattre des politiques similaires !

7 Mars 2010 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #Solidarité internationale

Travailleurs grecs – travailleurs français : même intérêt à combattre des politiques similaires !

 

De plus en plus la Grèce apparaît, non pas comme le « mauvais élève de l’Europe », mais comme le laboratoire de la politique que les gouvernements des pays de l’UE cherchent chacun à mettre en œuvre, au nom et au moyen de la « crise », de la « dette publique ».

 

Tentons une rapide comparaison des situations grecque et française :

 

Au nom de la dette publique que la politique des gouvernements successifs a creusée, le gouvernement grec déploie une batterie de mesure de super-austérité d’un coup dont le report de l’âge de la retraite à 63 ans, la hausse de 2% de la TVA, la baisse des salaires et des primes de 7 à 30%, d’abord dans le secteur public, le non-remplacement de quatre départs à la retraite sur cinq, etc.

En France, la situation n’est pas dramatisée à ce point encore par des remboursements imminents difficiles à honorer. Mais la politique du gouvernement, à un degré pour l’instant moindre, suit exactement de la même inspiration. Il a creusé le déficit budgétaire, celui de la Sécurité sociale et ceux des collectivités locales à coup de dizaines de milliards d’euros de cadeaux aux banques, au patronat et aux riches (de la suppression de la taxe professionnelle aux nouvelles exonérations de cotisations sociales patronales en passant pas des aides directes et par le « paquet fiscal »). Maintenant, c’est au prétexte de ces déficits fabriqués que le pouvoir Sarkozyste entend tailler dans le vif de l’éducation nationale, des hôpitaux…, geler les salaires, privatiser encore, détruire un nouveau pan de notre système de retraite etc.

 

Le caractère artificiel de la dette publique et la connivence entre gouvernements marchés financiers sont manifestes. La foi accordée aux avis des agences de notation, juges et parties, par les Etats en est un signe. Le peuple grec est la proie des spéculateurs du monde entier mais on a appris que l’un d’entre eux, le groupe américain Goldman-Sachs, a directement guidé la politique désastreuse des gouvernements successifs.

En France, le gouvernement a réussi l’exploit de renflouer en 2008 les banques privées, de creuser le déficit budgétaire pour cela, puis d’emprunter ensuite aux mêmes banques privées au prix fort. En Grèce, on estime que 45% de la dette publique est liée aux banques grecques elles-mêmes qui participent à la spéculation contre leur pays.


La renationalisation des banques en France et leur contrôle démocratique est plus que jamais une priorité. En Grèce, la situation se présente autrement avec un Etat et des services publics faibles. La nationalisation des banques risquerait d’être une simple socialisation des pertes.

A aucun moment, l’idée de prendre l’argent aux riches, aux armateurs par exemple, presque entièrement exonérés d’impôts, ne vient au gouvernement grec. Seules les luttes la lui rappellent.

 

En Grèce, l’Union européenne et l’euro servent à justifier et imposer cette politique de sacrifice et de recul social (et économique) généralisé.

Les critères du « pacte de stabilité » fonctionnent comme toujours à sens unique. L’UE ne voit jamais rien à redire aux déficits creusés par les transferts d’argent public aux capitalistes mais fustigent les dépenses publiques et sociales. Sur un plan politique, il est net que le gouvernement français, notamment Sarkozy, utilise moins le prétexte européen depuis le référendum de 2005, tout en ayant fait passer en force le traité de Lisbonne. Pour Papandreou, l’argument de la contrainte extérieure est essentiel pour résigner le peuple à son plan.

 

Sur le fond, la seule politique européenne réellement intégrée est la politique monétaire avec l’euro et la BCE. L’exemple grec permet d’en mesurer pleinement les lourdes conséquences pour les peuples.

 

L’euro a été conçu suivant les besoins du capitalisme allemand, en position exportatrice dominante dans de nombreuses productions industrielles.

La monnaie unique se trouve extraordinairement surévaluée pour l’économie grecque. Les productions grecques perdent, y compris sur le marché intérieur, une grande part de leur compétitivité, également par rapport aux productions allemandes. Avec l’euro fort, le tourisme est pénalisé face à la concurrence hors zone euro.

Economie beaucoup plus puissante, la France est moins frappée mais l’est quand même. Les effets de l’euro dans le recul industriel, le creusement du déficit commercial et la baisse du pouvoir d’achat sont largement admises.

L'euro ne porte pas, loin de là, toute la responsabilité de la situation grecque. Le gouvernement national ne doit surtout pas être dédouanné. Mais aujourd'hui, empêchant notamment tout recours à la dévaluation, l'euro se révèle un instrument coercitif pour faire payer les salariés grecs.

 

L’actualité grecque confirme comment la Banque centrale européenne, bien loin d’être une structure de coopération monétaire internationale, fonctionne en symbiose avec la finance privée, au service des capitalistes. Elle se garde bien de dépanner la Grèce et de priver les spéculateurs du marché juteux de la dette publique grecque. Au contraire, la BCE (et les eurocrates) font hypocritement la leçon au peuple grec.

L’objectif de l’UE est de faire payer les salariés, les peuples, de renforcer l’exploitation, d’abattre les résistances nationales dans chaque pays pour nourrir les profits capitalistes.

Ce n’est pas un procès d’intention, c’est une constatation, une confirmation.

 

Politiquement, il est presque impossible maintenant de faire passer aux Grecs l’idée d’une UE grande puissance et d’un euro protecteurs et facteurs de prospérité ! Aux Français, c’est de plus en plus difficile !

L’exigence d’une alternative à l’euro, comme à la soumission à l’UE du capital, monte. En Grèce, en France comme dans tous les pays.


Les communistes grecs défendent l’idée de la sortie de l’euro.


Longtemps, au PCF, nous avons défendu l’idée d’une monnaie commune, instrument pour les échanges commerciaux et la coopération financière, avec le maintien des monnaies nationales garantes d’une souveraineté économique des Etats. Cette proposition revient de plus en plus d’actualité alors que tout ce que nous avions dénoncé et prédit lors de l’adoption du Traite de Maastricht (1992) puis de celui d’Amsterdam, aggravés par Lisbonne se réalise. Elle paraît infiniment plus réaliste et plus juste que d’imaginer renverser la « gouvernance » de la BCE dans une optique sociale…

La situation grecque rend ce débat et ces luttes encore plus pressants.

 

Elle est intéressante aussi sur le plan strictement politique. En 2009, le gouvernement grec de droite de Karamanlis a senti qu’il n’arriverait pas à contenir la situation sociale à l’approche de l’explosion de la bombe à retardement qu’il avait allumée.

C’est pour cela qu’il a convoqué en octobre 2009 des élections générales anticipées, soit dans le but d’obtenir une nouvelle légitimité, soit pour passer la main à l’autre parti de l’alternance, le parti socialiste, PASOK de Papandreou.

Le PASOK, la « gauche », apparaît mieux à même d’imposer les pires mauvais coups au monde du travail, même si, en moins de trois mois, il a trahi toutes ses promesses électorales.

Voilà qui ne peut que continuer à nous faire réfléchir sur 2012 en France. Après avoir approuvé le plan de renflouement des banques, les dirigeants du PS laissent voir leur accord sur le fond de la prochaine étape du démantèlement des retraites. L’étendue de leur consensus sur l’UE avec l’UMP est connue.

 

Par le jeu de l’alternance, renforcé par leur position institutionnelle et leurs réseaux de clientélisme, les deux partis dominants en Grèce contrôlent largement la vie politique et ont encore obtenu 80% des voix. Pourtant 80% des Grecs désapprouvent leur politique !

En Grèce, la marche vers l’alternative politique ne peut s’imaginer dans le cadre strictement institutionnel. En France ?

En tout cas, les responsabilités des partis communistes sont considérables.

 

En Grèce, le parti communiste (KKE) est au cœur de la montée et de l’organisation des luttes. Les media français sont obligés de le reconnaître, quitte à affubler systématiquement nos camarades grecs de l’adjectif « ultra-orthodoxe » (dépêche de l’AFP du 5 mars), involontairement comique pour ce pays. La composante syndicale influencée par la communiste, le PAME, joue un rôle déterminant, notamment pour éviter le piège de la division entre salariés du privé et du public. Il faut savoir qu’en Grèce, les syndicats sont très politisés et qu’il existe aussi officiellement des composantes syndicales liées au PASOK et à la droite. Dans l’état actuel, le KKE exclut toute alliance avec les autres organisations politiques et donc toute participation à court terme au pouvoir politique.

A côté des similitudes, les différences sont aussi importantes entre les situations grecque et française. Cependant, l’exemple grec ne peut que faire réfléchir les communistes français, y compris sur le rapport de leur parti, le PCF, avec la social-démocratie (PS, PG) d’une part, le mouvement social d’autre part.

 

En tout état de cause, les travailleurs français ont intérêt objectivement à ce que les travailleurs grecs gagnent, réussissent à faire reculer leur gouvernement, à mettre en échec ses mesures antipopulaires, à gagner d’autres choix politiques face à un ennemi commun.

 

SOLIDARITE PLEINE ET ENTIERE AVEC LES LUTTES EN GRECE !

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