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Se rassembler pour mettre en échec la privatisation de GDF : il est toujours temps !

28 Janvier 2008 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #EDF et GDF

Jamais les convergences d’intérêt n’ont été aussi flagrantes contre la fusion-privatisation GDF-Suez!


Le projet de fusion Suez-GDF, entraînant la privatisation de GDF, accumule du retard depuis son annonce par Villepin il y a deux ans. Dernier épisode en date : le 22 janvier, le tribunal de grande instance de Paris a débouté la direction de GDF dans sa tentative de court-circuiter la consultation des salariés et donné à nouveau raison aux syndicats. Des informations et un délai supplémentaires pour examiner le dossier doivent leur être accordés. La fusion ne pourra pas être finalisée avant juin sinon plus tard.

Ce répit est l’occasion d’engager enfin vraiment la campagne nationale nécessaire pour mettre en échec la privatisation. Beaucoup d’éléments récents peuvent l’alimenter.

Les usagers à nouveau ponctionnés pour alimenter la bourse

L’année 2008 a commencé par une hausse des tarifs décidée par le gouvernement en liaison avec la direction de GDF (qu’il a nommée). Pour les 11 millions de ménages se chauffant au gaz, l’augmentation atteint 4,2%. Elle vient s’ajouter aux hausses vertigineuses déjà subies entre 2004 et 2006 : 34% ! Pour les professionnels, les tarifs ont bondi de 24% depuis 2006 sur le marché « libéralisé ».

Ces hausses pénalisent le « pouvoir d’achat » dont Sarkozy n’ose plus parler et l’économie. Rien d’autre ne les explique que la perspective de privatisation. La direction de GDF et la ministre de l’économie ont prétexté la hausse des cours du pétrole à l’échelle mondiale. Mais GDF refuse de donner l’évolution de ses coûts d’approvisionnement en gaz naturel qui augmentent en fait beaucoup moins vite grâce à des contrats à long terme.

En revanche, les profits de GDF ont progressé rapidement pour atteindre 2,3 milliards d’euros en 2006 (+29% par rapport à 2005) et 1,51 milliard pour les six premiers mois de 2007. C’est bien là que va l’argent de nos factures dans l’intérêt des futurs actionnaires privés et de la bourse.

Le comble a été atteint en fin décembre, alors même que le gouvernement préparait les esprits des usagers à l’augmentation des tarifs. GDF a lancé alors un programme d’achat pour 1 milliard d’euros, non pas de gaz naturel, mais de ses propres actions en bourse dans le but de faire monter le cours de l’action à la hauteur de celle de Suez dans l’optique de la fusion. C’est proprement scandaleux ! Depuis, une bonne partie de cet argent est déjà parti en fumée avec le krach boursier.

Les salariés mobilisés contre la privatisation et ses conséquences

Ces derniers mois ont été marqués par de fortes mobilisations des agents d’EDF et de GDF. En novembre, avec des pointes à plus de 60%, ils ont fait grève contre la remise en cause de leur régime de retraite, question directement liée – on l’a vu en 2004 – avec la privatisation. Le 22 janvier, ils étaient plus de 15000 dans les rues de Paris avec les cheminots et les agents de la RATP. La filialisation des services de distribution d’EDF et de GDF suscite une forte opposition comme la dégradation des conditions de travail et de rémunération.

Le mouvement contre les conséquences de la privatisation rejoint la proposition défendue par les syndicats en face de l’absorption par Suez: la fusion complète d’EDF et de GDF renationalisés à 100%.

Du côté de Suez également, les salariés expriment de plus en plus fortement leur opposition à la fusion (avec GDF) notamment depuis l’annonce de la mise en bourse de Suez-Environnement dans le cadre de l’opération.   

Faire grandir l’alternative politique : la défense et la reconquête du service public nationalisé et des monopoles publics

Le service public l’électricité et du gaz a fait la preuve de son efficacité depuis sa nationalisation et la création d’EDF et de GDF à la Libération sous l’impulsion de Marcel Paul, ministre communiste : réponse aux besoins de l’économie, progrès technologiques, aménagement du territoire dans l’intérêt de tous, égalité de traitement, sécurité des approvisionnements, modèle social…

L’attachement du pays aux entreprises nationales EDF et GDF ne s’est jamais démenti.

La casse de ce modèle pour nourrir le profit capitaliste a au contraire fait partout dans le monde la démonstration de l’échec : coûts élevés pour les usagers devenus « clients », rupture de fournitures, accidents, précarité des salariés… Elle a commencé à la faire en France.

C’est le résultat, non d’une fatalité liée à la « mondialisation », mais de choix politiques mis en œuvre par les gouvernements successifs depuis le début des années 90.

En 2004, Sarkozy, alors ministre de l’économie, avait promis solennellement aux agents que jamais le privé ne prendrait le contrôle d’EDF et de GDF, reconnaissant que ces entreprises sont cruciales pour les intérêts de la Nation. Il s’est renié depuis. Ce n’est pas une surprise.

Au sommet européen de Lisbonne en 2002, Jospin approuvait avec Chirac la marchandisation totale de l’électricité et du gaz. La plupart des parlementaires PS s’apprêtent à voter avec la droite le nouveau traité de l’UE, copie du projet de constitution rejeté par le peuple en 2005, dont l’un des axes est la remise en cause des services publics. Fin 2006, ils se sont bornés à une opposition superficielle à la loi autorisant la privatisation.

Il est possible de contrer ces choix. L’alternative politique à la privatisation ne consiste pas à négocier un hypothétique et illusoire maintien des tarifs réglementés (voir ci-dessous).

Dans la situation actuelle, les conditions d’un rassemblement des salariés, des usagers existent pour défendre le service public, exiger la renationalisation intégrale de GDF et d’EDF, leur fusion, exiger le retour au monopoles publics de l’électricité et du gaz (qui restent presque totalement une réalité dans les faits), rejeter l’application des directives européennes de marchandisation.

La bataille pour mettre en échec la privatisation de GDF en est l’étape urgente. Communistes, nous mettons tout en œuvre pour continuer à contribuer à une grande campagne nationale sur ce sujet crucial.

Y compris pendant la campagne des municipales : les villes qui attribuent les concessions du réseau gaziers sont directement concernées.

 

PS : Pour mieux faire passer la pilule de la privatisation, le gouvernement affirme vouloir maintenir les tarifs réglementés du gaz et de l’électricité d’ici 2010 (seulement 2010). C’est un leurre, la privatisation passée, les tarifs réglementés seront abolis au nom de textes européens, comme le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel l’ont indiqué clairement.

Le gouvernement vient même de faire voter la possibilité du retour au tarif réglementé de l’électricité (seulement de l’électricité – EDF devant être privatisé plus tard) pour un usager qui aurait fait le choix de la concurrence. C’est un piège pour encourager le passage à la concurrence et affaiblir le monopole de fait de l’entreprise publique.

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