Réforme ferroviaire : Hollande et Valls prennent les Français en traitre !
Réforme ferroviaire : Hollande et Valls prennent les Français en traitre !
Pcf Paris 15, 14 juin 2014
François Hollande et Manuel Valls ont décidé d’intervenir personnellement, directement, contre les cheminots en grève. Président et premier ministre entendent peser de tout leur poids pour faire passer leur « réforme ferroviaire », le plus vite possible, avant que l’opinion en ait connaissance du contenu, avant que la colère sociale, les luttes qui montent à la Poste, dans les hôpitaux, dans les industries se fédèrent.
Ce pari montre leur extrême fébrilité. Il est risqué. En s’engageant ainsi, Hollande et Valls montrent eux-mêmes combien la « réforme ferroviaire » est un élément central de leur politique antisociale, soumise au Medef, aux capitalistes et à l’UE, combien la lutte des cheminots constitue un pôle de résistance. Dans les jours qui viennent les dispositions du « pacte de responsabilité », ceux de la « réforme territoriale » vont être mis à l’ordre du jour. Une casse sociale sans précédent !
Hollande et Valls oublient aussi qu’ils viennent de recevoir une raclée électorale inédite pour un pouvoir en place, aux municipales et aux européennes. Or, ils ne pourront pas cacher longtemps que la « réforme ferroviaire » suit directement les injonctions de Bruxelles pour livrer le rail aux appétits privés. Dans la situation présente, ils ne peuvent guère compter sur l’appui de l’UMP, engluée dans ses affaires. Ils ne peuvent guère compter sur le FN comme repoussoir, tant, sur les questions sociales, l’identité antisyndicale et anti-travailleurs de ce parti éclate.
On notera en même temps que le ministre Cuvillier est désavoué par ses supérieurs. Il a déjà usé toutes ses cartouches avec ses propositions bidon co-signées par les syndicats de collaboration qui ne participent pas à la grève.
Il est donc plus que temps que la vérité éclate, en termes simples !
Le pouvoir prétend réunifier le rail public. Sa « réforme » fait exactement le contraire : elle dissout la SNCF, créée en 1937 par la majorité de Front populaire, en trois entités distinctes, étanches. Loin de réintégrer RFF, elle parachève l’éclatement du rail français pour créer les conditions de la concurrence, l’intrusion de groupes privés avec les conséquences désastreuses pour le service public, l’emploi et les conditions de travail que l’on peut voir dans tous les pays.
Prenons le pouvoir au mot, avec les militants syndicaux : exigeons le maintien de la SNCF unifiée et la réintégration en son sein de RFF ! C’est la meilleure façon d’éviter les scandales comme celui des TER trop larges pour les quais que le gouvernement, responsable, veut instrumentaliser cyniquement pour justifier sa « réforme ».
Sans cela, tout le reste dans les négociations, n’est qu’air de flûte !
Hollande et Valls : « Couvrez ces directives européennes, que nous ne saurions voir ! ». Le projet de « réforme ferroviaire » suit exactement les directives de mise en concurrence et de privatisation coordonnées par les technocrates de l’UE au service des rapaces de la finance. Hollande et Valls n’ont pas le courage de l’assumer : faisons le savoir ! L’UE prétend imposer la concurrence et ce serait une fatalité ? Les parlementaires du PS et de l’UMP l’acceptent sans rechigner, le peuple, comme les autres peuples d’Europe, refuse ces diktats de l’UE comme il l’a montré systématiquement, à chaque fois qu’il a été consulté, depuis les 55% de NON au référendum de 2005.
La « réforme » ne règle rien à question de la dette de RFF et de la SNCF. Et pour cause, ce n’est pas son objet. Le système, concurrentiel et privatisé partiellement, va aggraver la logique actuelle. Les agents, sur leurs salaires et leurs conditions de travail, les usagers, avec la dégradation du service rendu et la hausse des tarifs, les contribuables nationaux et régionaux vont être encore plus que jamais ponctionnés pour le profit des banques et de futurs opérateurs privés. Aucune promesse oiseuse sur cette question, dans les négociations, ne peut être prise au sérieux.
Il en est de même sur la question du statut et des conditions d’embauche et de travail. La « réforme » abroge le statut historique, portant les acquis sociaux de 74 ans de lutte des cheminots mais aussi les devoirs afférant au service public. Une fois, cette référence commune effacée, la mise en concurrence des entreprises les unes contre les autres, via appels d’offres régionaux, se fera aux dépens des conditions de travail, de sécurité, de sûreté, de confort etc. Dans l’intérêt de tous les cheminots, et au-delà, des usagers, de tous les salariés pour lesquels il représente une référence, refusons la casse du statut SNCF, condition de la mise concurrence ! Exigeons l’intégration de tous les travailleurs du rail, salariés de filiales et de sous-traitants, du fret privé, au statut SNCF !
Hollande et Ayrault ont vite cédé devant l’opposition ambigüe à l’écotaxe. Ils ont ajourné le projet de loi sur la famille en février devant quelques manifestations réactionnaires. Il a suffi de quelques froncements de sourcils de généraux et de PDG du complexe militaro-industriel pour que Valls renonce à toute coupe dans les budgets de guerre. Pour le « mariage pour tous », ils ont fait durer les débats plus de six mois…
Mais pour la « réforme ferroviaire », tout devrait être bouclé, suivant la procédure parlementaire d’urgence en quelques jours avec vote au cœur de l’été. De qui se moque-t-on ? Des dizaines de milliers de cheminots en lutte mais aussi du pays tout entier !
Les travaux en commission de l’Assemblée nationale, répétition du débat parlementaire, ont montré l’étendue des connivences entre UMP et « gauche » pour rouler le peuple dans la farine. Il n’y aura rien à attendre des « amendements » et « joutes » de ces acteurs parlementaires.
Avec les cheminots en lutte à l’appel des syndicats CGT et Sud, nous défendons et faisons nôtre toutes les propositions qui permettent de dévoiler le contenu réel de la « réforme ferroviaire » et de la mettre en échec : du report de son examen au Parlement à l’automne au retrait pur et simple.
Les usagers, le pays, avec les cheminots, ne peuvent et ne doivent rien lâcher sur le maintien de l’unité de la SNCF, la réintégration de RFF, le maintien du statut historique. Oui à la Société nationale des chemins de fer français ! Non à la gabegie voulue par l’Union européenne du capital !
Convergence de luttes ! Soutien aux cheminots en grève !
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